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LA MIRLITANTOUILLE

prend en croupe un grenadier ; La Ville-Louët est investie ; trois hommes sont aperçus « se sauvant à toutes jambes » ; fusillade : l’un des fuyards tombe ; c’est « un chef », mais on ne peut l’identifier ; les deux autres ont disparu[1]. La troupe s’avance jusqu’au manoir de Boishardy : elle y saisit trois chouans, bien armés et qui, tout de suite, implorent grâce, promettant « qu’ils vont faire prendre beaucoup de chefs ». Sur leur indication Coulombeau et ses hommes regagnent la route de Moncontour ; au Pont-de-Pierre sous lequel coule un affluent du ruisseau l’Évron, ils s’engagent dans un étroit chemin qui les amène au moulin de Rainon voisin de la ferme du Vaugourio. La maison est, en effet, occupée par les Chouans : au cri Voilà les Bleus ! deux seulement tirent sur la troupe ; les autres tentent de fuir : dix sont tués ; deux s’esquivent ; trois se rendent : au nombre des morts se trouve un prêtre. Les soldats de Coulombeau, victorieux, regagnent leurs cantonnements, emmenant les trois prisonniers[2].

Suivant une tradition locale, un jeune garçon de dix-sept ans, recueilli naguère par Boishardy parmi les échappés du désastre vendéen et confié par lui à la femme d’un de ses partisans, Carlo, le métayer du Vaugourio, serait allé trouver le général Crublier : il se faisait fort de connaître la mystérieuse

  1. Les Bleus prirent ce jour-là à La Ville-Louët « un cochon gras, une truie et quatre petits ». (Archives de la Guerre, Armée des Côtes de Brest et de Cherbourg, 16 juin 1795.)
  2. Rapport au chef de bataillon Coulombeau des différentes affaires qui ont eu lieu entre les Républicains et les Chouans. (Archives de la Guerre, Armée des Côtes de Brest et de Cherbourg, 16 juin 1795.)