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BOISHARDY

la Truite, petite rivière qui descend du Mené. Comme ils arrivent là, surgit d’un champ de blé une soixantaine d’hommes qui se dispersent et disparaissent avant que la surprise de leur envolée subite ait permis à la troupe de faire feu. À l’emplacement de leur campement abandonné, on découvre une petite tente, 12 paquets de faux assignats, — environ 12.000 francs, — 5 paquets de poudre à canon, un porte-manteau, une paire de bottes, une houppelande, et une écharpe de taffetas violet que Crublier reconnaît pour celle que portait Boishardy quand il l’a vu à Lamballe. Sous un buisson, on avise un lit fait d’une paillasse, d’un petit matelas de balle et garni de draps, auprès duquel un grenadier saisit « un très beau sabre avec son ceinturon » et divers papiers[1].

Peut-être faut-il placer à cette date un passage de Hoche à Moncontour : il éprouvait une sorte d’attachement pour ces lieux témoins des premiers rapprochements entre soldats des deux partis. On le vit parfois, dit-on, le mousquet à l’épaule, parcourir à pied la campagne à la tête d’une compagnie de grenadiers. Espérait-il sauver Boishardy et l’amener à une soumission sans réticence ? On a conté « qu’un sentiment plus tendre qu’il ne se l’avouait à lui-même le retenait à Moncontour ». Quand il quitta cette aimable ville, « avec une émotion bien vive et les larmes aux yeux », il dit à madame du Clézieux qui l’avait reçu plusieurs fois : — « Votre vertu, unie à tant de charmes, vous a placée sur un piédestal d’où vous nous dominez tous… Malheur à ce-

  1. Archives des Côtes-du-Nord, 15 prairial, III.