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LA MIRLITANTOUILLE

Le jour où il prit possession de son nouveau poste, Crublier rencontra, dans une auberge de Lamballe, Boishardy, vêtu ce jour-là d’une veste de chouan, grise à revers noirs, nouée d’une écharpe de soie violet[1]. Dix jours plus tard, la paix était rompue, Crublier se mit en chasse. Le 3 juin, apprenant, de Lamballe, que Boishardy avait passé la nuit à La Ville-Louët, chez les dames de Kercadio, il part avec un détachement de sa troupe ; aux approches du manoir, une fusillade l’accueille ; pas un de ses hommes n’est atteint. Poursuivant sa marche, il cerne la maison dont les habitants se sont évadés au signal des coups de fusil, sauf une servante et deux paysans[2] aussitôt mis en arrestation. On perquisitionne ; on trouve des provisions de farine, de cuirs, de toile, de chandelles, sept habits de gardes nationaux, un habit d’uniforme blanc brodé de fleurs de lys et vingt-cinq assignats faux qui sont saisis « pour être biffés par le vérificateur ». Les vêtements sont distribués aux soldats et les provisions chargées sur deux voitures à destination de Lamballe[3]. Le surlendemain, 5 juin, nouvelle expédition : Crublier quitte le camp avant le jour, divise sa troupe en deux détachements : l’un, sous sa direction, marche vers La Ville-Louët en suivant la grand’route ; l’autre, commandé par le chef de bataillon Coulombeau, se détourne par le Pont-de-pierre, le château de Launay et La Ville-es-chiens, hameau situé au bord de

    balle. Ne vous attirez pas de pareils reproches… Ne laissez entrer aucun étranger dans le camp, surtout point de femmes. » Correspondance de Hoche.

  1. Archives des Côtes-du-Nord, 17 prairial, III.
  2. François Le Moine, ancien marin et Louis Tirel, de Bréhand.
  3. Archives des Côtes-du-Nord, 15 prairial, III.