restation « de tous les individus connus pour avoir occupé un grade dans la Chouannerie[1] ». Le lendemain, le comte de Silz tombait sous les coups des Bleus ; et il n’était pas le premier qui pérît des signataires de la Mabilais ; dès le 30 avril Geslin, chef manceau et son compagnon Lhermite, revenant de Rennes, avaient été massacrés à Saint-Denis-d’Orques[2].
En vain Cormatin se démenait-il en un fébrile apostolat, attestant aux représentants, chez qui il soupait deux fois par semaine[3], qu’il apaisait les Chouans, aux Chouans qu’il dupait les Bleus, à tous que l’âge d’or était proche. Au château de Cicé, son quartier général, il tenait des « conseils de guerre », distribuait des cocardes blanches, donnait des audiences et de grands dîners. Il s’exhibait quotidiennement, à Rennes, « escorté d’une garde prétorienne » ; il exigea un jour l’ouverture d’une église pour présider en personne une cérémonie religieuse et « recevoir les plaintes des divers particuliers ». Était-il devenu fou ? Le 9 mai, Hoche, revenant de Laval, le rencontra aux environs de Vitré, en compagnie du général Humbert costumé en Chouan ; tous deux venaient de procéder à l’arrestation d’une diligence[4] ! Dès cet instant, dans l’esprit du général en chef, Cormatin était condamné. À quelques jours de là, on saisissait, près de Ploërmel, sa correspondance avec les chefs morbihan-