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LA MIRLITANTOUILLE

se prépare à restaurer la monarchie. Il a prêché la paix et juré qu’il veut la guerre ; il prend pour finesse diplomatique cette palinodie criminelle, persuadé que « le temps arrangera tout ». Il s’illusionne ; mais il est sincère, même dans ses vantardises. Sincères aussi les royalistes signataires du traité : on le vit bien quand, au cours des négociations, une escadre anglaise se montra sur les côtes, s’apprêtant à opérer un débarquement d’émigrés, d’armes et de munitions : au premier avis qu’ils en reçurent, Boishardy, Tinténiac et Frotté informèrent spontanément les Conventionnels et leur remirent une lettre destinée à « Messieurs les Officiers anglais[1] », par laquelle ils déclaraient que, « entrés en pourparlers avec la République, les Bretons ne pouvaient accepter désormais aucun secours de l’Angleterre ». Ils furent moins bien inspirés en réclamant des représentants du peuple la mise en liberté de Prigent, le commissionnaire de Puisaye, capturé à la côte dans la nuit du 1er janvier : en prison depuis quatre mois, Prigent, pour sauver sa tête, accablait les représentants de dénonciations, révélant tout ce qu’il savait des lignes de correspondance, des points de débarquement, des projets du cabinet britannique, des préparatifs de l’Angleterre[2]. Puisqu’on était réconcilié, la plus élémen-

  1. Le texte de cette lettre est donné par Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études sur la Révolution en Bretagne : — « Entrés en négociations avec la République, il nous est impossible de nous frayer un passage, que nous aurions ouvert trois mois plus tôt. La loyauté et le zèle qui nous a toujours animés pour le bien de la France nous imposent aujourd’hui la loi de vous dire qu’il nous est impossible de vous donner le moindre secours sur nos côtes. »
  2. C’est à Boursault surtout qu’il adressait ses suppliques et ses