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BOISHARDY

nérale : Stofflet, qui commande l’armée catholique d’Anjou, ne veut pas céder : l’abandonner serait une lâcheté.

Pour gagner du temps et décider Stofflet, on dépêche Boishardy en Anjou. En attendant son retour, les discussions se poursuivent souvent acerbes et tumultueuses. Deux ou trois fois par semaine, on se réunit aux Conventionnels en des conférences tenues à la maisonnette de La Mabilais. Cormatin s’y rend avec sept royalistes, prudemment choisis, et escorté d’une garde de cinquante Chouans. Les représentants du peuple y arrivent de Rennes dans des voitures qu’entourent cent grenadiers. Hoche les précède avec ses chasseurs à cheval[1]. Les deux portes de la salle s’ouvrent en même temps : les royalistes entrent d’un côté, cocarde blanche au feutre ; les républicains entrent de l’autre, plumet tricolore au chapeau. Ce sont Ruelle, Bollet, Delaunay, Jary, Chaillon, Corbel, Guezno, Guermeur, De Fermon, et Lanjuinais. Hoche reste dehors avec ses officiers ; Cormatin, qui redoute sa droiture, a proposé l’exclusion des militaires et les représentants y ont volontiers consenti, ne s’illusionnant pas sur l’opinion qu’a prise d’eux le général. Ah ! comme il les méprise ! — « Voilà donc, note-t-il pour soulager son indignation, voilà donc les soutiens de ma triste patrie ! Envieux, incapables de toute honnêteté, ivrognes, débauchés, ignorants et vains, tel est, à l’exception de Lanjuinais et de Fermon, le caractère des membres de notre congrès. Dans les délibérations, nul ordre ; l’un crie, son voisin dort, un troi-

  1. Louis de Frotté et les insurrections normandes, p. L. de la Sicotière, I, 85.