la gaieté n’étaient pas, il est vrai, « dans la situation » ; mais ce recul subit aux dissipations mondaines d’avant 89 ne manquait pas d’une certaine grâce et symbolisait presque un programme : il marquait la réaction complète, la rupture avec la morosité démocratique, le retour au bon temps de l’insouciance et des effusions ; bouffée de griserie dans l’ouragan : ce fut si court que l’Histoire n’a pas le droit de se montrer sévère.
Les jeunes gentilshommes, anciens officiers pour la plupart, qui, jadis, avaient fréquenté dans le monde et entrevu la Cour, — les Béjarry, les La Bourdonnaye-Montluc, les Mayneuf, les Dieusie, les Nantois, les Busnel et bien d’autres, — jugeaient délicieux cet entracte à leur dure vie de partisans ; les paysans ou les bourgeois, tout aussi nombreux, — le manceau Caquereau, le morbihannais Guillemot, Terrien, marchand de bois, Palierne, receveur de rentes à Ancenis, Gourlet, percepteur à Riaillé, Cadoudal, Billard de Veaux, cultivateurs ou petits propriétaires[1], les plus fervents peut-être, les plus intransigeants à coup sûr, blâmaient la présence des belles dames avec lesquelles ils ne dansaient pas,
- ↑ On n’a pu dresser la liste complète des 125 chefs de bande ayant assisté aux conférences de La Prévalaye : voici les noms qu’on a pu relever : — d’Andigné, Boishardy, Béjarry, Billard de Veaux, de Busnel, de Belleveue, les deux frères du Boisgny, Boisgontier, de Bouan, Sévère de la Bourdonnaye-Montluc, Le Bouteiller, Cormatin, Cadoudal, de Chantreau, Armand de Chateaubriand (ne fit que paraître), Coquereau, de Cintré, Closmadeuc, de Concoret, de Dieusie, Dufour, Frotté, Geslin, Guillemot, Gazet, Gourlet, Guignard, le chevalier de l’Hermite, Jarry, de Kerveno, Lambert, de Lantivy, Le Gris-Duval, de Lesseignes, Lefaive, de Mayneuf, Moulé de la Raîtrie, de Méaulne, de Nantois, de la Nourais, Palierne, Poirier de Beauvais, comte de Silz, de Scépeaux, de Solilhac, Saint-Régent, Le Thieis, Tinténiac, Terrien de la Trébonnierre, de la Vieuxville.