On chante aussi le Ça ira, agréablement parodié par un spirituel adaptateur qui n’a pas pleine confiance dans le résultat des négociations :
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira…
Cahin-caha, cahin-caha !
Mademoiselle de Kercadio n’est pas la seule de son sexe qui figure en ces entraînantes réunions. Cormatin envoie chercher à Rennes de jolies femmes afin d’égayer la fête ; même il va faire son choix et on le rencontre circulant entre la ville et son quartier général, promenant dans sa voiture des élégantes à coiffure de plumes blanches. En ce temps reculé, les femmes saisissaient, avec une sorte de frénésie les occasions les plus inattendues de s’affubler de toilettes excentriques ; depuis l’ouverture des conférences la mode était, dans la capitale de la Bretagne, de s’habiller « en chouanne[1] ». Les dames royalistes de Rennes, celles du moins que n’effrayaient pas ces assemblées un peu libres et bruyantes, accouraient pour le plaisir d’entendre crier Vive le Roi. Quant à Cormatin, il donnait libre cours à sa galanterie naturelle de beau quadragénaire : deux jeunes actrices, Ninette Belval[2], tenant au théâtre l’emploi d’ingénue, et Agathe Cassin[3], sémillante et brune soubrette, paraissent avoir partagé, sans jalousie, ses hommages[4]. Tout cela amusait les uns et scandalisait d’autres ; la bombance et