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BOISHARDY

de fer ouvragé existe encore, malheureusement découronnée de son toit à la Mansard et de son fronton triangulaire où s’enchâssait un cadran solaire ; elle est située sur la place de l’église et le décor n’a guère changé depuis le jour où Hoche, avec ses cavaliers d’escorte, mousqueton au poing, s’arrêta et mit pied à terre devant la porte des du Clèzieux. Il parut, tel que l’a décrit une contemporaine, « grand et beau garçon, en longue redingote avec un long sabre. Point de façons, point de luxe ; parlant bref, avec une grande politesse aux dames, une grande cordialité aux soldats, une grande réserve aux civils[1]. »

Madame du Clèzieux, jeune et très belle, d’esprit cultivé, s’était ingéniée, durant la Terreur, à prêcher la modération ; royaliste de sentiment, elle avait maintes fois tenté d’assoupir les haines et d’arrêter l’effusion du sang. Au prestige de ses charmes s’ajoutait l’autorité de sa vertu ; il est à supposer que son influence sur Boishardy, particulièrement lié avec elle, avait contribué à calmer l’ardeur belliqueuse du tenace révolté. Tout de suite elle prit sur Hoche le même empire et, sous sa douce et irrésistible action, ces deux hommes, si distants en apparence, se rapprochèrent, pénétrés d’une réciproque estime[2]. Qu’éprouva-t-il, le jeune chouan, dont le nom et les exploits n’étaient connus que des paysans de sa contrée, lorsqu’il se trouva en pré-

    ment. Fortune personnelle, en capitaux, 300.000 livres. Archives nationales, F1b II, Côtes-du-Nord, 3.

  1. Grille. Pièces inédites sur la guerre de l’Ouest, p. 18-20. C’est une dame Blas, d’Angers, qui a tracé de Hoche ce rapide croquis. Elle ajoute : — « Il nous tourne la tête à nous autres femmes… Nous irions toutes l’embrasser, lui baiser les mains, lui porter des couronnes. C’est un enthousiasme général. »
  2. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, 160.