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et la chapelle des Foës. Les Messins voient avec consternation tomber l’antique et glorieuse chapelle des Lorrains, et la vieille demeure où siège la municipalité. Le centre de la ville devient un cloaque inabordable : le sol mis à découvert présente des différences de niveau inattendues, les maisons sont déchaussées, une dizaine d’immeubles s’écroulent, d’autres sont démolis à temps pour éviter une catastrophe ; toutes les caves éventrées sont béantes, les portes de rez-de-chaussée sont juchées à la hauteur d’un deuxième étage. Le corps municipal, à la fin, s’émeut, proteste ; mais le duc de Belle-Isle, mandé en hâte par Gautier, accourt de Paris, et donne l’ordre de poursuivre les travaux.

Jamais ne s’était vue pareille désolation. Ce fut bien pis lorsqu’il devint manifeste que si le favori du gouverneur avait eu hâte de détruire, il était dans l’incapacité parfaite de tirer un parti quelconque du terrain dévasté. Cette fois, les colères furent vives ; malgré son aplomb, Jean Gautier disparut. Belle-Isle reconnut de bonne grâce que le personnage était un fripon ; c’est le parlement de Nancy qui l’en débarrassa : happé par la justice du lieu pour quelque méfait antérieur, le ravageur de Metz « fut condamné à être pendu haut et court » et exécuté sans rémission.