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de réunir la Moselle à la Seine par un canal où pourraient passer les navires de guerre, ce qui, d’après lui, détruisait à tout jamais la puissance maritime de l’Angleterre et de la Hollande ; et ce beau projet le conduisit à la Bastille, où le gouvernement le laissa méditer pendant quelques semaines sur de nouveaux procédés propres à mystifier ses contemporains.

C’est de cet aventurier dangereux que se coiffa malencontreusement, dès la première entrevue, le maréchal de Belle-Isle. Dès qu’il eut vent des projets d’embellissement de Metz, Jean Gautier jugea l’idée admirable ; il établit aussitôt un plan d’ensemble qui faisait de l’antique ville lorraine, escarpée et irrégulière, un Éden uni comme le tapis d’un billard, et aussi carrément percé que le parc de Versailles. Il livrait à tout venant son secret, exposant que, pour obtenir ce double but, il suffisait de démolir tout le centre de la ville et de le reconstruire ensuite sur une disposition nouvelle.

Le gouverneur, convaincu de loin, car il résidait peu dans sa province, donna aussitôt son assentiment ; en dépit des récriminations du chapitre, des plaintes des échevins et des murmures des bourgeois, les travaux commencèrent au mois de juin