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imperturbables aplombs qui triomphent de toutes les résistances.

Persuadé que la concurrence est la mort du commerce, Jean Gautier s’était fait connaître à Nancy par l’installation d’un immense magasin où l’on vendait de tout, où l’on se procurait tout : du café, du bois, des carrosses, des clous, de la futaine, des plumes d’autruche, du porc salé, du poisson de mer, des rubans moirés, des pierres de taille… Si l’on désirait bâtir, on n’avait qu’à se présenter en cet étrange caravansérail pour être à la minute pourvu d’un architecte, d’un peintre, d’un entrepreneur, et de tous les ouvriers nécessaires : il y avait le rayon des maçons, celui des serruriers et celui des arpenteurs. Tout en faisant son marché, on pouvait garnir sa bibliothèque ou se faire dessiner un jardin… Cette nouveauté enchanta quelques originaux ; mais elle ravit beaucoup moins les commerçants de Nancy : c’était pour eux la ruine sans rémission ; ils s’insurgèrent tant et si bien que Jean Gautier s’enfuit jusqu’à Rochefort, où il se mit, avec grand fracas, à dessaler l’eau de la mer, découverte admirable dont il espérait un bénéfice colossal. Ses essais furent peu heureux : on le retrouve en Lorraine, prônant l’idée