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Ce n’est point ici le lieu d’étudier cette œuvre capitale de Blondel. Le fameux portail qu’il donna à la cathédrale, et qu’il avait médité pendant quatre ans, a été démoli récemment, ainsi que la galerie d’arcades qui dissimulait le pied de la vieille église gothique ; mais l’hôtel de ville, l’ancien parlement, le corps de garde, les places d’Armes, de Chambre et de la Cathédrale, le somptueux marché, l’hôtel du gouvernement, tout cet ensemble existe encore, avec ses lignes froides, un peu sévères, d’une extrême sobriété d’ornementation. Blondel s’y est inspiré d’une pensée énoncée dans une de ses leçons, jugeant que, pour des considérations d’harmonie générale, il convient de donner une sorte d’austérité à la physionomie des édifices d’une ville de guerre, « où, dit-il, tout monument doit se ressentir dans son ordonnance d’un certain genre de fermeté qu’impose l’art militaire ». Admirable prescience d’un grand artiste, pour qui se souvient des scènes d’une grandiose et tragique simplicité auxquelles les constructions de Blondel servirent de décor si parfaitement adéquat, le 27 octobre 1870 !

L’Architecture française fut vite recherchée ; elle contenait un très grand nombre de planches et les coûteux tirages, il faut le croire, en furent peu nombreux, car les volumes devinrent en assez