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Paris pour se rendre à Dijon, afin d’y inspecter une armée de réserve qu’il concentre en Bourgogne ; il importe de mettre à profit son absence pour soulever à nouveau la Bretagne et apprendre à la France que ses Princes n’ont pas abdiqué.

Ainsi prêche-t-il des sourds, et il ne s’illusionne plus ; il discerne, avec une perspicacité singulière, que les faux frères, envoyés de Paris par Fouché, sont plus écoutés que lui. Certain jour, à la cour du Comte d’Artois, il avise un jeune officier portant uniforme anglais et dont il a surpris le nom : c’est Louis de la Rochejaquelein, le frère du défunt héros de la Vendée : Louis a pris du service dans l’armée britannique ; il est en garnison à Édimbourg et, le bruit s’étant répandu d’une prochaine expédition en Bretagne, il est accouru chez Monsieur pour solliciter d’en faire partie.

Comme il sortait de l’antichambre du Prince, il fut suivi par « un homme » qui lui frappa sur l’épaule et lui dit : « Jeune homme, je suis charmé de vous voir : j’ai servi sous votre brave frère que j’aimais tant, votre ardeur me plaît beaucoup ; mais elle sera inutile ; retournez à votre régiment et n’espérez pas y recevoir des ordres ; les Princes ne se doutent pas, vous ne vous doutez pas vous-même, de l’effet que produirait votre nom dans la Vendée ; mais il y a là-dedans des gens qui le savent et qui