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cades, grosse de périls et pauvre d’apparat. Un courtisan de l’exil, choqué de l’insistance de Georges, lui demandait un jour : « Vous voulez que le Prince aille en Bretagne ; mais répondez-vous de sa vie ? — Non ; mais je réponds de son honneur », répliqua le chouan indigné. De tels mots éperonnaient le comte d’Artois, mais non ceux qui vivaient de lui et souhaitaient qu’il ne quittât pas l’Angleterre ; ils étaient parvenus jusqu’alors à l’y retenir et blâmaient sévèrement Cadoudal de troubler leur prudente quiétude. Aussi appelaient-ils à l’aide les conseillers de Louis XVIII, et les conjuraient-ils d’obtenir que le roi de Mitau interdît à son frère de s’engager en pareille aventure. « M. Cadoudal est venu il y a deux mois, à peu près, à Londres, après avoir vu Bonaparte, gémissaient-ils : il ne parle que de combats et de soulèvements ; c’est un homme auquel il est impossible de faire entendre raison. Monsieur s’est laissé décider à passer en Bretagne… Ce n’est qu’un rêve dont nous saurons bien le faire revenir ; mais il faut que Georges ne soit plus auprès de lui ; nous allons travailler à l’éloigner… Le gouvernement consulaire est impossible longtemps. Il n’y a donc qu’à patienter un peu. Donnez des ordres dans ce sens et que Monsieur ne soit pas exposé à des dangers certains… »

Une telle lettre, empruntée au pieux ouvrage