Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

volture : il ne cache pas au Comte d’Artois son regret de ne l’avoir pas encore vu combattre avec les paysans qui donnent leur vie pour sa cause. Un jour, à Hyde-Park, il aperçoit le Duc de Berry se promenant en compagnie de plusieurs jeunes et jolies femmes : « Ah ! grogne le chaste Georges, il ferait bien mieux de se battre dans les landes de chez nous !… » Son propos fut rapporté et, comme il se présentait le lendemain à l’audience du Comte d’Artois : « Eh bien ! Georges, lui dit le prince, vous avez vu hier le Duc de Berry ? — Oui, monseigneur, et je n’ai pas pu m’empêcher de regretter qu’il fût en si futile société quand il ferait si bien à notre tête… » Et comme l’un des gentilshommes présents, M. de Viomesnil, pour pallier par un mot de courtisan cette brutale franchise, remarquait : « Quand monseigneur le Duc de Berry voudra descendre en Bretagne, il n’aura qu’à paraître pour entraîner tous les cœurs et armer tous les bras », Georges, étouffant de rancunes à la pensée de tous ses braves, morts ou vaincus faute d’un chef dont le seul nom eût centuplé leurs forces, rugit, le visage en feu, les yeux menaçants : « Pourquoi donc n’y vient-il pas ? » et, frappé d’un coup de sang, il tomba sur le parquet.

À beaucoup, ces violences paraissaient déplacées ; l’entourage des Princes jugeait indigne d’eux de se risquer en une guerre d’embus-