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auxquels il a voué sa vie ? Il est manifeste que, désormais, Georges apparaîtra imperturbablement fidèle à la cause royale, mais ulcéré de la soumission que cette fidélité lui impose aux exigences de l’Angleterre ; il les subira, non sans répugnance, dans l’affreuse alternative ou de s’avouer vaincu, ou de poursuivre la lutte, impossible sans l’onéreux concours de l’étranger.

À Londres, l’émigration lui fait fête comme au héros qui vient d’affronter « le monstre » et n’a pas été dévoré. Tel sera le sens de la lettre que lui adressera, de Mitau, en Courlande, où il est retiré, le prétendant Louis XVIII : « J’ai appris avec la plus vive satisfaction, général, que vous êtes enfin échappé des mains du tyran, qui vous a méconnu au point de vous proposer de le servir… » Georges allait recevoir, outre la faveur insigne de cet autographe, le cordon rouge et le grade de lieutenant-général commandant pour le Roi toute la Bretagne ; il était accueilli avec honneur par le Comte d’Artois et par la famélique petite Cour qui gravitait autour de ce prince.

Pour tous, il était le général Georges, l’homme important, l’homme unique, le plus solide étai de la monarchie en péril. Chaudement reçu par Wyndham, le secrétaire d’État de la guerre, par Pitt, premier lord de la Trésorerie, chancelier de l’Échiquier, il s’entretenait avec eux de politique internationale et de l’avenir trouble de