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formes, n’avait point de restrictions », ne voulut pas manquer d’assister à l’office. Il retarda donc le départ pour entendre une messe célébrée à minuit, et Hyde s’émut à voir agenouillé, « sous l’impression d’un sentiment profondément religieux, ce soldat presque farouche qu’une guerre sans égale avait endurci ».

La messe dite, les trois royalistes prirent la mer : le bateau qui les passait n’était qu’une forte barque et les vagues la secouaient terriblement. La nuit était sombre et, dans le ciel, se poursuivaient des nuages de tempête ; les passagers ne pouvaient se défendre de pronostics et de rapprochements entre cette nature tourmentée et leurs destinées orageuses. Cependant, roulés dans leurs manteaux, au fond de la barque, ils s’endormirent.

Tout à coup Hyde fut réveillé par Georges qui, de sa forte voix, lui dit : « Savez-vous ce que nous devrions conseiller au Roi, s’il remonte sur son trône ? — Non, mon ami. — Eh bien ! nous lui dirons qu’il fera bien de nous faire fusiller tous les deux, car nous ne serons jamais que des conspirateurs, le pli en est pris. » Était-ce de sa part pressentiment, amertume d’un esprit momentanément désorienté, ou, plus vraisemblablement, regret harcelant de ne pouvoir servir ouvertement la France sans manquer au serment, qui l’oblige à se réfugier en Angleterre où sont prisonniers du cabinet britannique les Princes