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croire, Bonaparte aurait engagé la conversation sur le ton le plus flatteur, lui parlant « de la gloire qu’il avait acquise » et lui dit que, aux sentiments qui l’avaient élevé devaient s’unir ceux d’un patriote désireux « de ne pas prolonger les malheurs des contrées qui l’avaient vu naître ». Le Breton resta la bouche close, les yeux baissés, balbutia quelques mots… et finit par demander un passeport. Desmarest, bien renseigné, sans doute, comme chef de la police politique, pense que Georges fut ulcéré des façons de Bonaparte qui, ayant accueilli avec courtoisie les autres chefs royalistes, tous gentilshommes, et convié même l’un d’eux à sa table, témoigna « hauteur et dureté » au plébéien Cadoudal. De fait, on a cité une lettre de Bernadotte au Premier Consul où se trouve cette indication : « Georges confiait à un curé que vous l’aviez reçu avec mépris. »

Cela concorde avec l’impression que Cadoudal rapporta de sa visite aux Tuileries : en rentrant à l’Hôtel de Nantes, il y trouva Hyde de Neuville qui l’attendait impatiemment. Georges était fort ému « de la contrainte qu’il avait dû s’imposer » : « Quelle envie j’avais d’étouffer ce petit homme entre ces deux bras ! » rugissait-il en tendant ses membres robustes ; et comme Hyde lui faisait observer que, à son égard, Bonaparte, trois mois auparavant, s’était presque montré bienveillant : « Oh ! il change de ton, riposta Georges, depuis que tant de fiers républicains,