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trouvai constamment insensible à tout ce que je lui disais. Il en demeurait toujours à vouloir commander les Vendéens. Ce fut après avoir épuisé tout moyen de conciliation que je pris le langage du premier magistrat. Je le congédiai en lui recommandant surtout d’aller vivre chez lui, tranquille, et de ne pas se méprendre sur la nature de la démarche que j’avais faite auprès de lui ; de ne pas attribuer à faiblesse ce qui n’était que le résultat de ma modération et de ma force. Dites bien, ajoutai-je, et répétez à tous les vôtres, que tant que j’aurai les rênes de l’autorité, il n’y aura ni chance, ni salut pour quiconque oserait conspirer.

Vingt ans plus tard, à Sainte-Hélène, harcelé par tant de souvenirs grandioses et déchirants, au sommet de son calvaire, dans sa baraque de Longwood, il songeait encore à ce jour lointain où, jeune Consul, il avait reçu, dans son salon des Tuileries, le gros homme indomptable que son magique pouvoir de séduction n’avait pas entamé. « C’était un fanatique ; je l’émus sans parvenir à le convaincre. Au bout d’une demi-heure, je n’étais pas plus avancé qu’au commencement. Il voulait conserver ses bandes et ses armes ! Je lui dis qu’il ne pouvait y avoir un État dans l’État… »

Ceux qui reçurent les confidences rétrospectives de Napoléon varient peu ; cependant Rovigo prête à Cadoudal une attitude piteuse : à l’en