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« guerre noble et belle… on a eu raison de se battre. » Sur quoi il ajourna l’entretien au lendemain.

Le 27, Hyde de Neuville était revenu au Luxembourg, amenant d’Andigné, émigré et général de l’armée royaliste d’Anjou, chargé de demander à Bonaparte quelles conditions seraient imposées aux pacifiés. Lui aussi fut surpris de l’allure modeste du conquérant de l’Italie, « un petit homme de mauvaise mine…, un frac olive…, un air d’une négligence extrême…, rien dans son ensemble qui donnât à penser que ce fût un personnage important ».

Mais dès que ce petit homme prit la parole, le maître apparut : il parla « du Directoire goujat » ; protesta que « lui aussi voulait de bons prêtres », prononça, non sans dédain, le nom des princes : « Ils n’ont rien fait pour la gloire. Que n’étaient-ils dans la Vendée ? C’était leur place. » Et comme d’Andigné annonçait que tel avait toujours été leur désir, mais que la politique des puissances étrangères les en avait détournés : « Il fallait se jeter dans un bateau de pêche ! » riposta Bonaparte d’une voix frémissante.

Il s’exprimait d’une manière brève et énergique, « avec un accent étranger désagréable à entendre », passant continuellement d’un sujet à l’autre, s’emportant, mais toujours dominant sa colère, et n’oubliant jamais qu’on était « entre gentilshommes ». « Nous autres nobles… » glissa-