les entretiens que Bonaparte accordait aux chouans pacifiés, partisans avoués des Bourbons. Les premiers qui s’y étaient risqués furent mal accueillis ; c’étaient d’Autichamp et Bourmont. Lannes les entendit donner leurs noms à l’huissier ; il se jeta sur eux, les fit sortir à coups de pied, les accusant de venir pour assassiner le Consul et menaçant de les faire fusiller par la Garde.
Hyde de Neuville avait affronté l’épreuve le 26 décembre : très impressionné, il l’avouait, à la pensée d’aborder l’homme célèbre qui tenait entre ses mains le sort de la cause royale, il avait été introduit dans un salon où il attendit seul longtemps. Bonaparte habitait encore à cette époque le Luxembourg. La porte s’ouvrit et Hyde vit entrer un petit homme maigre, les cheveux collés aux tempes, la démarche hésitante, si différent du héros imaginé, qu’il le prit pour un domestique ; d’autant plus que ce même personnage traversa la salle sans le regarder et se dirigea à grands pas vers le foyer comme s’il venait pour arranger le feu.
Arrivé là, il s’adossa à la cheminée, releva la tête et fixa sur le visiteur des yeux si expressifs, si pénétrants, que celui-ci, peu timide pourtant, perdit, du coup, toute assurance. Bonaparte parut flatté de l’impression qu’il produisit ; son accueil fut froid, mais courtois ; en quelques mots il dit son admiration pour la Vendée :