prit possession de la galerie de Diane. La cérémonie était terminée ; les troupes regagnaient leurs quartiers ; les curieux se dispersèrent, et quand les conseillers d’État retournèrent chez eux à leur tour, le Premier Consul ne s’en alla point : il n’avait qu’une porte à pousser pour pénétrer dans l’ancien appartement de Louis XVI, discrètement meublé à son intention. Il y retrouva son secrétaire qui l’y avait devancé et qui le félicita d’avoir mené à bien cette difficile entreprise, sans soulever une protestation, sans entendre un cri discordant : « Bourrienne, ce n’est pas tout d’être aux Tuileries ; il faut y rester, dit-il. Qui est-ce qui n’a pas habité ce palais ? des brigands, des Conventionnels… N’est-ce pas de là que j’ai vu… enlever ce bon Louis XVI ? Mais soyez tranquille ; qu’ils y viennent ! »
L’appartement du Consul, situé au premier étage, prenait vue sur les jardins ; on y accédait par le grand escalier de pierre, voisin du pavillon de Flore, escalier que Bonaparte connaissait bien pour l’avoir souvent gravi, alors qu’il était en réforme, — bottes éculées, habit élimé aux coudes — afin de gagner le cinquième étage où on l’employait au bureau topographique du Comité de Salut public. Au premier palier de cet escalier s’ouvrait l’antichambre, vaste pièce à deux fenêtres, précédant le salon de service, de dimensions plus restreintes ; on passait de là dans le salon du Premier Consul, puis dans son cabinet.