de Turenne, de Duguay-Trouin, de Frédéric II et de Marlborough, afin qu’il y en ait pour tous les goûts.
Enfin, au jour fixé, — c’était le 19 janvier 1800, — il partit en grande pompe du Luxembourg, dans une voiture de gala, traînée par six chevaux blancs, offerts au conquérant de l’Italie par l’empereur d’Allemagne, après le traité de Campo-Formio. Nul ne pouvait critiquer cet attelage royal en raison de l’événement glorieux dont il était le trophée. Arrivé dans la cour du Palais du gouvernement pleine de troupes alignées, Bonaparte descendit du carrosse, sauta à cheval et passa la première de ces fameuses « revues du Carrousel » que les peintres ont popularisées. Le défilé fut magnifique ; quand, ayant à sa droite Murat, et Lannes à sa gauche, le jeune Consul vit s’incliner devant lui les drapeaux en loques de la 30e, de la 43e, et de la 96e demi-brigade, il porta la main à son chapeau et se découvrit lentement. Ce geste, inédit alors, fut acclamé par la foule des femmes élégantes qui se pressaient aux fenêtres du palais ; la citoyenne Bonaparte n’occupait pas le balcon du pavillon central ; elle avait modestement pris place à l’une des fenêtres de l’appartement du consul Lebrun, pour bien marquer qu’elle n’était là qu’en invitée.
Après la Revue, Bonaparte entra dans le palais, mais pour y installer le conseil d’État qui