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faire ? Bonaparte procède avec « une inconcevable adresse ». D’abord, plus de Tuileries, ni de Château ; la vieille demeure des Médicis est dénommée Palais du gouvernement. On va seulement l’approprier et y mettre Lebrun, le troisième Consul ; encore le logera-t-on au pavillon de Flore ; l’ancien appartement du Roi restera vacant. Tout à cette adroite combinaison, Bonaparte va, en compagnie de Bourrienne, visiter les travaux d’aménagement : oh ! rien de luxueux ; un simple « badigeonnage ».

Dès la grille, sur les corps de garde, subsistent des inscriptions : 10 août 1792, la royauté est abolie et ne se relèvera jamais. À l’intérieur, les décorations du temps de la Convention, abondent en bonnets rouges et autres emblèmes révolutionnaires : « Faites-moi disparaître tout cela, dit le Consul à l’architecte, je ne veux pas de pareilles saloperies. » Dans les salons qu’occupa le Comité de Salut public, il remarque, au plafond peint par Lebrun, une effigie de Louis XIV qu’un imbécile a gratifiée d’une cocarde tricolore ; c’est encore une occasion de pester contre « la turpitude » des Conventionnels. Néanmoins, afin de bien témoigner qu’il professe la plus sincère vénération pour les illustres républicains, il fait solennellement placer, dans l’une des galeries, le buste de Brutus, l’immolateur des tyrans, et ceux de Démosthène, de Scipion, de Caton, sans toutefois oublier les effigies de César, de Cicéron,