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plus encourageant : sauf un envoyé par Charles IV d’Espagne, « retenu à Paris par une circonstance indépendante de sa volonté », le corps diplomatique se composait uniquement « d’un chargé d’affaires du prince de Deux-Ponts ». Pas un cabinet étranger ne consentait à reconnaître le nouveau gouvernement de la France ; et quand Bonaparte, protestant de son désir d’ordre, de réorganisation et de paix, essaya d’entamer des négociations avec le ministère britannique, il reçut, en réponse à ses avances, une Note l’avisant que le meilleur gage de sa sincérité « serait la restauration de cette lignée de princes qui, pendant tant de siècles, avaient conservé à la nation française la prospérité au dedans, la considération et le respect au dehors ». Restait-il, au moins, au héros de Lodi et des Pyramides, la chance de venger ce camouflet sur les champs de bataille ? Non. La Constitution n’autorisait pas le Consul à commander une armée hors du territoire de la république.

Tout manquait donc à ce présomptueux qui, n’ayant pour excuse que ses trente ans, s’était jeté, tête baissée, dans ce gâchis avec la prétention d’assumer une tâche devant laquelle aurait reculé le souverain le plus expérimenté, le mieux servi, le plus confiant en son prestige, en sa puissance et en l’unanime dévotion de tous ses sujets. Comment il s’en tira, nul ne l’ignore ; ce prodige fera toujours l’émerveillement de la postérité,