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II

BRETON CONTRE CORSE


LA CONQUÊTE DES TUILERIES


SI le départ de Georges désagrégeait la chouannerie bretonne, la situation du héros, habile instigateur de ce désarroi, n’en paraissait pas moins précaire. Depuis trois mois qu’il s’était emparé du pouvoir, il louvoyait entre les partis, mais n’en satisfaisait aucun. Certes, la populace, prompte aux engouements, l’idolâtrait ; en revanche, les sages n’apercevaient dans son aventureuse élévation qu’une nouvelle étape de la révolution, étape dont la durée restait aléatoire. « Qu’attendre, disait l’un, de ce gouvernement qui est à la merci d’un coup de pistolet ? » Or cette solution brutale hantait bien des cerveaux et aurait réjoui nombre de gens : les jacobins impénitents d’abord qui, à mille symptômes, ne pouvaient s’illusionner sur les sentiments du Consul à leur égard ; les royalistes aussi, inquiets qu’il tardât tant à rappeler le souverain légitime ;