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après la reddition des armes, se rendra à Paris, près du gouvernement ; il lui sera délivré les passe-ports nécessaires. » Était-ce là un ordre, une invitation, un simple conseil ? Qui exigeait ce voyage ? Brune désireux de faire parade, aux yeux des Parisiens, de son habilité pacificatrice, ou Bonaparte, curieux de juger par lui-même ce Georges extraordinaire, dont le prénom, comme celui des rois, éclipsait le nom de famille ?

Le Moniteur du 19 février annonçait, en termes sympathiques, la prochaine arrivée du grand chouan breton ; pourtant celui-ci ne se pressait pas ; il lui répugnait d’abandonner tout espoir. Il avait dit à Brune : « Bonaparte n’y sera pas toujours », et il aurait voulu garder ses cadres intacts en prévision de cette inéluctable éventualité. La plupart de ses fidèles s’étaient dérobés à la soumission ; outre Guillemot, Mercier et Saint-Régent se cachaient ; combien d’autres, voire de simples paysans, considéraient la pacification comme un leurre et la déclaraient éphémère ! C’est pourquoi Brune, redoutant quelque perfidie, pressait Georges de partir pour Paris. « Il affecte des lenteurs qui me laissent quelques doutes », écrivait-il au Consul. De fait, Georges temporisait sous de vains prétextes : quand on apprit, vers le 22 février, que Frotté et six de ses officiers, pacifiés comme lui, venaient d’être fusillés, au mépris de toute justice, en dépit d’un sauf-conduit signé de deux généraux