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Elles sont bien précieuses, ces lettres de Brune à Bonaparte ; on doit les lire avec précaution, comme tout document émané d’un correspondant qui tient à se faire valoir et à montrer qu’il domine son interlocuteur. L’ancien ami de Danton nous y présente Georges comme très disposé à servir plus tard la république et protestant « que les égards que le gouvernement aurait pour lui ne seraient pas perdus ». Ce qui surprend Brune, c’est que ce pauvre Breton a l’air fort bien renseigné : « Il doit avoir une correspondance très suivie à Paris et il sait des choses qui tiennent, pour ainsi dire, à la domesticité du gouvernement. » Il discerne également, tant sa pénétration est vive, que Georges lui paraît « n’être pas décidément royaliste, mais très amoureux (sic) de passer pour l’homme influent de sa contrée », ce qui s’explique sans doute par l’attitude du vaincu justement soucieux de tenir son rang et dont la fierté ne s’abaissait pas devant un général républicain. N’est-il pas, lui aussi, à vingt-huit ans, maréchal de camp et chevalier de Saint-Louis ?

Quelques jours plus tard, Georges et Brune se réunissaient de nouveau : il fut convenu que les chouans rendraient leurs armes, que l’impunité serait accordée à tous et que les chefs désigneraient l’endroit où ils désiraient se retirer. Au nombre des onze articles du traité se lisait celui-ci : « Le commandant en chef des chouans,