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peut-être il est intimement résolu. Il revise ses cadres, il reforme secrètement ses légions. Elle est singulièrement touchante l’opiniâtreté de cet homme, isolé dans la tourmente, ne recevant qu’atermoiements et vagues promesses de ceux pour lesquels il s’expose quotidiennement à mourir du supplice des bandits, et, comme il doute parfois de lui-même, s’appliquant à s’instruire de l’art de la guerre, des principes de la théorie, des manœuvres, de la tactique, de la réglementation. Pour se sentir digne de commander ses braves, il veut savoir, tout aussi bien qu’un officier de carrière, reconnaître le terrain, faire évoluer une troupe, assurer sa subsistance et la fournir de munitions. Son autorité sur ses hommes est absolue, au point qu’il exige d’eux la chasteté et leur interdit le mariage ; en quoi il prêche d’exemple ; car il aurait honte d’imposer à ses soldats un sacrifice dont il s’affranchirait lui-même ; nul n’ignore dans son entourage qu’il aime Lucrèce Mercier, la sœur de son compagnon d’armes préféré, qu’il est aimé d’elle, et qu’il attend le retour du Roi, — la fin de sa tâche, — pour s’unir à cette belle et pure jeune fille.

On comprend combien était redoutable un tel adversaire pour les troupes indisciplinées de la république et leurs officiers démoralisés. Tout était prêt dans le Morbihan pour une nouvelle insurrection ; Georges attendait seulement la