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La nouveauté d’un tel langage provoque chez les royalistes une griserie empreinte de perplexité. À Angers, où Hoche réside momentanément, c’est « l’enthousiasme » ; une dame de la ville écrit : « Nous irons toutes l’embrasser, lui baiser les mains, lui porter des couronnes. » Des gentilshommes qui, depuis quatre ans, combattent pour la cause royale, quittent leurs marais ou leurs bois pour contempler « ce général qui n’aime pas le sang » et s’entretenir avec lui ; ils se déclarent « absolument séduits ». Sûr indice que ces prétendus « brigands » n’étaient pas intraitables et n’avaient pris les armes que pour lutter contre la déshonorante tyrannie de la Terreur. Aux premiers mots de conciliation, confiants en l’honneur d’un loyal adversaire, ils consentaient à remettre l’épée au fourreau.

En revanche, ceux que révolte l’attitude de Hoche, ceux qu’enrage l’éventuelle pacification, ce sont les jacobins impénitents qui jamais n’ont combattu que de la langue et qui, écume des clubs abolis et des comités révolutionnaires dissous, se cramponnent encore aux places qu’ils ont usurpées dans le bon temps de la guillotine. Plus on pénètre dans les dessous de l’Histoire où grouillent ces comparses mal connus, plus l’évidence éclate que cette tourbe, rapace, turbulente et insociable, porte la responsabilité de tous les stigmates dont la révolution restera marquée à jamais, en dépit du zèle de ses apo-