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préserver ses paysans des réquisitions et des tracasseries des Bleus. Il y réussit à miracle, puisque, à plusieurs reprises, sur un signe de lui, dix à douze mille de ses fidèles, conduisant une centaine de charrettes, et dont certains « arrivent de plus de vingt lieues », se trouvent, à l’heure fixée, sur la côte, pour y recevoir un débarquement de munitions. Et de pareils rassemblements s’effectuaient sans qu’il se rencontrât parmi cette masse d’hommes, misérables pour la plupart, un seul qui succombât à la tentation de dénoncer aux commissaires du gouvernement l’expédition projetée. Au cours d’un de ces débarquements, un capitaine de la marine britannique se fit conduire à terre dans l’espoir de voir ce Georges Cadoudal dont la renommée s’étendait déjà jusqu’en Angleterre ; il s’attendait à quelque Tamerlan hautain et inabordable, armé de pied en cap, entouré de gardes et régnant par la terreur sur un état-major de brutes domptées. Il le trouva, dans l’eau jusqu’aux hanches, soulevant sur ses épaules une barque échouée qu’il aidait ses hommes à remettre à flot.

Abondamment pourvu d’armes et d’équipements, assisté de lieutenants intrépides, Georges, naguère simple partisan, était devenu le plus redoutable adversaire de la révolution. Hoche, qui commandait toutes les armées républicaines de l’Ouest, reconnaissait en ce paysan un rival qu’il n’était pas certain de vaincre : « On ne peut