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établit ses cantonnements sur le seul point du littoral où elle pouvait être immobilisée par une poignée d’hommes. Néanmoins, la république se crut perdue ; les royalistes exultèrent ; tous les chouans de Bretagne accoururent pour se joindre aux arrivants et marcher avec eux sur Rennes et sur Paris.

Cadoudal est là avec ses Morbihannais ; admis au conseil, il y parle haut, dédaigneusement écouté par les gentilshommes de l’État-major qui jugent inconvenant le sans-gêne de ce plébéien. Il maudit cette expédition de Quiberon qui, prévoit-il, « ne tend à rien moins qu’à faire écraser le parti royaliste ». Il prend pourtant une part active à l’action, fait de ses vaillantes bandes un rempart qui résiste durant plusieurs heures à l’étreinte des Bleus de Hoche ; il sauve ainsi d’un effroyable massacre des milliers de femmes, de vieillards et d’enfants venus de tous les points du Morbihan pour voir flotter le drapeau blanc, crier Vive le Roi ! et assister aux messes du camp. Pressentant le désastre final, Georges préconise un mouvement tournant qui placera les républicains entre deux feux ; entraîné par quelques jeunes officiers nobles dans une diversion inopportune, loin du champ de bataille, vers Josselin et Saint-Brieuc, il obéit docilement, mais la rage au cœur exhortant à la discipline ses quatre mille soldats, mécontents, qui se révoltent enfin, refusent