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tout cela, on rançonnait les acquéreurs de biens nationaux, on attaquait les courriers chargés des fonds de l’État, ou bien on se rendait en force à la côte où la croisière anglaise débarquait des fusils, des munitions et des barils de guinées.

Le plus grand miracle de cette organisation clandestine fut l’établissement du service de la correspondance et des éclaireurs. Il importait, en effet, de déjouer la surveillance de l’immense armée de fonctionnaires, administrateurs de districts, municipaux, procureurs-syndics, agents nationaux, comités divers, clubistes, espions de tous rangs dont disposaient les Bleus. Pour lutter contre tant d’Argus, Georges a d’abord presque toute la population campagnarde du Morbihan : dès qu’une troupe républicaine se risque hors de la ville ou du bourg où elle est cantonnée, « la nouvelle s’en répand en une minute à des distances éloignées ». Aperçoit-on un Bleu armé, des femmes, des enfants sortent des villages : « La nation ! Voilà la nation ! » C’est le cri d’alarme ; la corne des pâtres le propage. Si la Nation pénètre à l’improviste dans un hameau, des appels, des mots de convention signalent le danger : « Les pourceaux sont dans nos choux ! » En même temps que Chappe, les chouans ont inventé le télégraphe optique : les ailes des moulins à vent, placées de certaines façons, parlent un