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réfractaires, tous gens qui, de par la loi, sont sans asile, sans ressources et sans nom. Leurs casernements seront des « caches » éparses dans les bois et les landes, les chaumières perdues, loin des routes, où ils recevront l’hospitalité. À ce contingent permanent se joindront, en cas d’appel, les paysans, petits laboureurs, pêcheurs ou métayers, séduits par la prime d’engagement qui monte parfois jusqu’à 300 francs, et la paie, — irrégulière, il est vrai, — de 15 sols par jour. Les recruteurs de Georges parcourront le pays, exhortant les villageois à s’enrôler pour la défense des bons prêtres et des propriétés ; en certains endroits « ils enlèveront de force tous les hommes non mariés au-dessus de quinze ans ». Beaucoup les suivent volontiers, car ils n’aiment pas la révolution qui menace leurs croyances religieuses et leurs séculaires traditions. À ces hommes méfiants, misérables et fiers, à qui l’oppression est insupportable, la Convention a dépêché des missionnaires de sa façon pour leur prêcher la philosophie et l’irréligion : on a mutilé les statues de leurs saints, souillé leurs églises, persécuté leurs prêtres : aussi ont-ils pris en haine cette république qui, en leur prohibant le seul idéal à leur portée, tente de les reléguer au rang des bêtes.

Monsieur Georges, lui, parle leur langue ; il est, comme eux, un paysan ; aucun intérêt per-