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LA PLACE DE GRÈVE

Au fond du sombre bâtiment dont le nom fut toujours synonyme de malheur, se voyait alors, entourée de murs élevés, une cour étroite et longue qu’on nommait la cour des condamnés à mort. Elle avoisinait une voûte souterraine divisée en deux corridors ténébreux sur lesquels s’ouvraient les dix-sept portes d’autant de réduits où le jour ne pénétrait jamais. Au fond de ces fosses agonisaient, dans le désespoir et la terreur, ceux que réclamait l’échafaud. Georges et ses onze compagnons y furent enfermés.

Durant les douze jours qu’ils vécurent là, on leur accorda la permission de se réunir dans la cour pendant une heure à l’aube et au crépuscule ; on y avait disposé un fauteuil pour Georges : ses compagnons, assis près de lui, sur des bancs, « l’écoutaient parler avec toutes les marques du respect et de la vénération ». Les prisonniers ayant déposé, à leur arrivée, une somme de 1642 francs, se faisaient servir, à compte, du vin et de la bière. Le concierge qui, vêtu de noir, les abordait « le chapeau à la main et d’un air de grande politesse », se mêlait parfois à leur conversation. Jamais ils ne parlèrent de leur situation ; ils plaisantaient,