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par jalousie du succès de Joséphine », font avertir les femmes, filles ou parentes des autres condamnés qu’on peut s’adresser à elles. Et c’est ici qu’on retrouve la triste Mme  d’Anglade, sœur de Bouvet de Lozier : le récit qu’elle a laissé de ses démarches est aussi circonstancié qu’émouvant.

En sortant de chez elle, le dimanche 10 juin, pour se rendre à la messe, elle entend crier dans la rue la sentence et les noms des condamnés ; son frère est du nombre ; quoique boitant encore des suites de sa chute, elle prend la fuite et parvient, toute tremblante, à se réfugier dans l’église. L’après-midi, elle se traîne chez Réal, le conseiller d’État adjoint au ministère de la Justice, qui l’a déjà reçue avec intérêt. Il lui conseille de courir sur-le-champ à Saint-Cloud et de faire appel à la bonté de Sa Majesté l’Impératrice. — Mais elle ne connaît pas Joséphine ; elle n’est pas connue d’elle ; comment l’aborder ? N’importe, la voici, deux heures plus tard, montant ce grand escalier de Saint-Cloud qu’elle a gravi autrefois au temps où on l’amenait chez la Reine… L’Impératrice ne peut la recevoir ; qu’elle revienne le lendemain à dix heures du matin. Elle regagne Paris, rentre chez elle, se met en prières, essaie de dormir.

Vers minuit, le bruit de plusieurs chevaux, dans la paisible rue qu’elle habite, la tire de son assoupissement ; elle entend prononcer