Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ple ? J’en ai assez sans lui. Encore si c’était la seule grande faute qu’ils m’eussent fait faire ! Mais je ne puis voir à tout avec mes deux yeux !… »

S’il ne pardonnait pas à Moreau son quasi-acquittement, en revanche il se montrait frappé de la fermeté de Georges. « S’il était possible que je pusse sauver quelques-uns de ces assassins, ce serait à celui-là que je ferais grâce. » Murat, lui, était d’avis qu’on graciât tous les condamnés ; il assurait qu’un acte d’indulgence « jetterait plus de gloire sur le commencement du règne, qu’une exécution ne lui donnerait de sécurité » ; mais ses sollicitations furent mal accueillies. Cependant l’entourage impérial s’émouvait, redoutant qu’une fournée de vingt condamnés ne rappelât par trop le temps où dominait Robespierre, symétrie peu flatteuse dont on s’empressa de démontrer à l’Impératrice l’inconvénient très réel. Joséphine était bonne ; on connaissait l’influence de sa dextérité sur son intraitable époux et on la décida facilement à implorer la grâce du duc de Polignac. Un premier, un second refus ne la découragent pas ; elle parvient à introduire dans le cabinet de l’Empereur la jeune duchesse de Polignac, qui s’évanouit aux pieds de celui dont dépend la vie de son mari. La grâce est accordée ; et, tout de suite, les sœurs de Napoléon, « moins peut-être par bienveillance que