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de tels salons est permis aux Altesses, mais interdit aux Excellences, cause de pleurs et de récriminations. On va, on vient, on s’agite, on intrigue et « tout le monde se croit grandi de quelque chose », en dépit des railleries et des calembours au moyen desquels se revanchent ceux que le changement de régime laisse simples citoyens.

On commençait à s’y reconnaître quand la tempête éclata : le dimanche, 10 juin, au matin, parvint à Saint-Cloud l’effarante nouvelle du verdict rendu par le Tribunal. « Toute la cour fut atterrée » ; non point, comme on pourrait le croire, à la pensée des vingt têtes qui allaient tomber, mais de l’affront infligé à Sa Majesté l’Empereur par la condamnation de Moreau à deux ans de prison. Le grand juge s’était témérairement engagé à obtenir des magistrats la peine de mort et l’on savait déjà que Paris accueillait l’événement avec une joie non dissimulée et insultante pour l’Empereur. La colère de celui-ci fut terrible : « Ces animaux me déclarent que Moreau ne peut se soustraire à la condamnation capitale ; que sa complicité au premier chef est évidente, et voilà qu’on me le condamne comme un voleur de mouchoirs ! Que voulez-vous que j’en fasse ? Le garder ? Il serait encore un point de ralliement pour les grognards de la République ou ces imbéciles de royalistes… Qu’en ferais-je au Tem-