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de la France, on comprendra quels puissants arguments une défense libre eût pu invoquer en faveur des accusés. Les avocats de Georges et de ses complices n’y insistèrent point, car le président leur retirait la parole à la moindre allusion visant la personne sacrée de Sa Majesté l’Empereur.

Ils furent du reste, pour la plupart, fort inférieurs à leur tâche, sauf Dommanget, défenseur de Georges, qui plaidait une cause perdue ; Bonnet, qui parla éloquemment pour Moreau ; et l’ardent avocat de Rivière, Billecoq. Celui-ci, en terminant sa plaidoirie, eut l’audace de lancer cette phrase, sorte de prophétie vengeresse : « Prenez-y garde, magistrats ! Un nouveau gouvernement vient d’être fondé dont le chef aura besoin d’amis. Craignez de consacrer par un jugement de mort cette maxime : que la fidélité à la puissance déchue peut être condamnée comme un crime… »

Quelques-uns des avocats se montrèrent ineptes : Boyeldieu, dans sa défense de Monnier, l’instituteur d’Aumale, parvint à faire rire ; Collin, avocat de Denand, le marchand de vins de la rue du Bac, coupable d’avoir logé les brigands, fut si maladroit que « ses confrères eux-mêmes témoignèrent à plusieurs reprises leur réprobation par un murmure très sensible », et, tandis que Roussiale, qui se présentait pour Spin, le faiseur de caches, succom-