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de l’instruction, avaient prononcé son nom, s’accordaient sur ce point que si la conjuration avait avorté, c’était précisément en raison de la résistance de Moreau à s’y associer. Et plus avançaient les débats, plus apparaissait manifeste « que le plus grand général de la République était victime d’une odieuse persécution ». Aussi, de jour en jour montait « une grande irritation contre les juges », résolus, on le sentait, à condamner ce guerrier illustre, coupable de n’avoir pas plié devant Bonaparte.

Il était assis au premier rang des gradins, et vers lui se portaient souvent tous les regards, encore qu’il s’effaçât volontairement et eût l’air, « moins d’un accusé que d’un habitué du Palais assistant par curiosité à un procès intéressant ». S’il eût donné plus d’importance à son attitude, s’il n’eût pas affecté une sorte d’indolence ennuyée, les membres du tribunal auraient connu des moments pénibles : un signe de lui eût fait éclater un coup de théâtre. Tout ce qu’il y avait là d’officiers et de soldats, trépignaient d’impatience, prêts à le porter en triomphe : lorsqu’il était interpellé et se levait pour répondre, les gendarmes commis à sa garde se dressaient en même temps que lui et se tenaient debout tant qu’il parlait. Quand il quittait sa place aux suspensions d’audience, la garde, à son passage, le saluait respectueusement. Georges lui-même, qui, lors de son inter-