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son avocat plaider pour son frère et pour lui, l’aîné des Polignac prend la parole et conjure les juges, si leur verdict doit être impitoyable, de le frapper lui seul et d’épargner son frère, en faveur de sa jeunesse, sinon en faveur de son innocence. À l’audience du lendemain, Jules de Polignac parle à son tour : « Si l’un de nous doit succomber, dit-il, sauvez mon généreux frère ; rendez-le aux larmes de son épouse ; je n’en ai point ; comme lui je sais braver la mort ; trop jeune encore pour avoir goûté la vie, puis-je la regretter ? — Non ! non ! s’écrie l’aîné, tu as une carrière à parcourir, c’est moi qui dois périr… » Ce combat de générosité entre les deux jeunes gens soulève dans la salle des cris d’admiration et de douleur. On s’agite. Eh ! quoi ! Sont-ce là des coupables ? La manifestation de si fidèles dévouements à des princes proscrits, celle de l’irréductible fermeté de Georges, étreint, comme un remords soudain, cette réunion de Parisiens frivoles, si oublieux, et soufflette sur leurs sièges ces magistrats qui, pour la plupart, ont depuis quinze ans, servi tant de maîtres, profité de tous les régimes et prêté tant de serments.

Que d’incidents, au cours des douze séances de ce procès fameux, témoignent de la fermentation croissante qui transforme en séditieux les oisifs venus par simple curiosité ! Voici Picot, l’humble domestique Picot : repentant