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blaient à une place assiégée ; partout des troupes de cavalerie et d’infanterie, des postes de gendarmes à toutes les issues, des patrouilles circulant dans les rues, et, aux abords des grilles, une foule anxieuse et méfiante, semblable à celle qui, dix ans auparavant, se massait là aux jours des grandes fournées de l’an II.

LE PROCÈS

Huit jours auparavant, un sénatus-consulte abolissait la République, dont le nom seul était conservé, et transformait le Premier Consul en Napoléon Ier. Il serait exagéré de prétendre que cet événement passa inaperçu ; mais on reste dans la vérité en assurant que « jamais le pouvoir de Bonaparte ne fut plus fragile et plus menacé » qu’au jour où le vainqueur de Marengo s’attribua la succession de Charlemagne. Nul ne tenta rien pour l’en empêcher : il semblait admis qu’aucun obstacle ne l’arrêterait jamais, et, soit que le pays eût perdu la faculté de s’étonner, soit qu’il se désintéressât d’un changement de régime succédant à tant d’autres, son enthousiasme demeura froidement officiel. En revanche, l’hostilité se manifestait sous la forme de railleries, sous celle, plus prudente, de placards anonymes. Les cartons d’archives abondent en invectives contre l’Em-