Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la cohue du Temple, les détenus n’étaient pas à l’abri de l’espionnage et des dénonciations : à cette masse de gens, pour la plupart inconnus les uns des autres, Thuriot avait mêlé des mouchards qui, simulant d’être compromis dans la conjuration et incarcérés comme tels, provoquaient les confidences et recueillaient les propos. Il en était de même aux prisons de l’Abbaye, des Madelonnettes, de Sainte-Pélagie, de la Force, qui, elles aussi, étaient combles. Combien, s’étant livrés sans méfiance à ces faux frères en infortune, ne surent jamais comment le juge instructeur se trouvait renseigné sur leurs moindres actes ! Que d’épisodes tragiques, que de personnages louches, que d’énigmes encore dans le drame qui s’est joué là, et quel regret de négliger tant de traits qui donneraient au tableau toute sa valeur ! On ne peut omettre cependant l’aventure de Mme  d’Anglade, jeune veuve d’un officier tué à l’armée de Condé et sœur de Bouvet de Lozier, ce gentilhomme qui, interrogé presque agonisant, après son suicide manqué, avait, ainsi qu’on l’a dit, révélé les vaines démarches ébauchées par Georges pour s’assurer le concours de Moreau.

Le château que possédaient aux environs de Pontoise Bouvet de Lozier et sa sœur, avait servi de refuge à certains des conjurés. Mme  d’Anglade, alors de séjour chez des amis,