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grand-maître de l’Université qui fut élève au collège Saint-Yves à l’époque de la Restauration. Rien alors n’y avait été changé, ni locaux, ni régime, ni programme d’études depuis le temps de Louis XVI et le chroniqueur qui les dépeint ainsi disait, en entrant à l’École normale : « Il me semble que j’ai fait mes études il y a cent cinquante ans. »

Il n’y avait pas de dortoirs au collège Saint-Yves ; les élèves, tous externes, étaient répartis entre plusieurs institutions tenues par de vieilles demoiselles qui les hébergeaient et les nourrissaient pour quelques francs par mois. Les plus pauvres, paysans de la banlieue de Vannes, trouvaient à se loger chez quelque petit ménage et, retournant chez eux le samedi, revenaient le lundi matin rapportant un énorme pain de seigle qui durait toute la semaine ; ils le coupaient en tranches dans une écuelle où leur logeuse versait un peu de bouillon. Le tableau d’un si rigoureux régime explique en partie le granitique endurcissement et l’anormale résistance de ces jeunes hommes destinés aux privations et aux fatigues de la vie errante.

Georges n’était point parmi les besogneux ; son père, Louis Cadoudal, fermier et cultivateur aisé de la paroisse de Brech, près Auray, résidait à un quart de lieue de cette ville, au hameau de Kerléano, où il possédait une maison qui existe encore, bien modifiée, probable-