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cheurs de la côte, paysans, filles d’auberge, cultivateurs, — subissaient les mêmes épreuves : menaces de la fusillade sans jugement, promesses de pardon et d’argent, et quand ces stratagèmes demeuraient sans effet, la torture pour ceux qui en valaient la peine. On regrette de constater que l’autorisation d’employer ces affreux supplices émanait du Premier Consul lui-même ; apprenant que le pauvre Horné, — le pêcheur de Biville chez qui se restauraient les débarqués après l’ascension de l’estamperche, — prétendait demeurer discret, Bonaparte mandait au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : « Faites parler le pêcheur qui a communiqué avec les Anglais ; si vous voyez de l’hésitation, vous pourrez vous-même lui faire serrer les pouces dans un chien de fusil… »

Le 9 février, lendemain de la capture de Picot, les officiers découvraient Bouvet de Lozier, gibier d’importance. Enfermé au Temple, il resta trois jours sombre et silencieux. Le 13, au matin, traduit au cabinet de Réal, conseiller d’État chargé d’instruire l’affaire, il reconnut en ce personnage un homme avec lequel il avait eu naguère d’agréables relations. Mis en confiance, il parla trop, imaginant naïvement qu’il s’entretenait avec un ami de vieille date. Réintégré dans son cachot, il réfléchit, déplora son imprudence, s’en exagéra les conséquences et, dans la solitude du « secret », le soir venu, pro-