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beau-frère J.-B. Massignon, fermier à Saint-Lubin dans la commune d’Arronville ; étape dangereuse, en pays découvert parsemé de nombreux villages, qu’un vieux chemin, appelé le chemin de la Reine Blanche, permet cependant d’éviter. Les sept marcheurs étaient fatigués ; Mme  Massignon les entendit grommeler entre eux « qu’ils rentraient en France avec la ferme résolution de ne plus la quitter et d’y laisser leurs os ».

Le soir du 28 août, Massignon prêta à « ces messieurs » un cheval pour porter leurs bagages et les remit à son frère, Nicolas Massignon, cultivateur à Jouy-le-Comte, hameau des environs. Il était minuit lorsqu’on passa l’Oise au pont de l’Isle-Adam. Ayant donné son cheval à l’un de ses hommes souffrant d’une entorse, Georges allait à pied ; arrivé au petit bois de Vivray, il s’arrêta pour souffler et changer de chemise. Comme toute la petite troupe faisait halte pour l’attendre, parurent un cavalier et un jeune homme venant du côté de Mériel ; le cavalier était Raoul Gaillard, l’un des fourriers de Charles d’Hozier, l’autre le fils d’un vigneron de Saint-Leu, chez qui les voyageurs étaient annoncés pour cette nuit-là. Raoul Gaillard, chargé de la préparation du voyage depuis l’Isle-Adam jusqu’à Paris, vivait, pour ainsi dire, depuis deux mois dans la région : grâce à sa joyeuse humeur, à son entrain de bon vivant, il