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tions particulièrement difficiles. Pour Georges, d’Hozier fit choix de la rue Carême-Prenant, fort solitaire et tranquille, bordée de jardins et située dans le faubourg du Temple, le long des murs de l’hôpital Saint-Louis, presque la campagne. C’est aujourd’hui la rue Bichat. Là habitait un dessinateur, nommé Sauzade ; son entresol était vacant. Endoctrinée par d’Hozier, une dame Berry, qui se nommait, en réalité, Mme Dubuisson, femme d’un peintre éventailliste, loua cet entresol, moyennant 400 francs par an, « pour y loger, disait-elle, deux de ses amis, réduits à se cacher parce qu’ils s’étaient battus en duel ». Les Parisiens de ce temps-là gobaient les bourdes les plus grossières avec une facilité surprenante : Sauzade consentit la location sans autre référence ; il ne s’étonna pas davantage quand il vit débarquer chez lui un sieur Spin qu’il connaissait pour l’avoir vu siéger au banc des marguilliers de sa paroisse Saint-Laurent. Spin, entrepreneur de profession, se prétendit chargé de quelques réparations dans l’appartement destiné aux deux duellistes ; il se mit sur-le-champ au travail et, sous prétexte d’y pratiquer un cabinet d’aisances, dota l’entresol de Sauzade d’une cache mirifique : par le moyen d’une trappe ingénieusement dissimulée, les locataires pouvaient descendre au rez-de-chaussée et sortir de la maison en cas qu’un visiteur indésirable montât leur escalier. Spin était un professionnel de ce genre