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au service de la chouannerie, voulait soustraire sa femme aux dangers dont il était menacé, car, de l’aveu même de Mme d’Hozier, quoiqu’elle dit « pis que pendre » de son volage époux, ils n’étaient « ni séparés, ni divorcés, ni précisément brouillés » ; certains prétendaient même qu’il venait assez souvent la voir rue de la Michodière, où elle habitait, et qu’il passait parfois la nuit avec elle. Pour ces occasions, et d’autres encore, le loueur de voitures redevenait homme du monde et on le voyait en habit court, cravate blanche, pantalon de casimir et coiffé, à la dernière mode, d’un petit chapeau tricorne. Sa vieille mère habitait avec lui, rue Vieille-du-Temple ; un petit jockey et plusieurs domestiques composaient le service.

Ce qui étonne c’est que, malgré son passé mouvementé, ce conspirateur n’inspirât à personne aucun soupçon ; la police l’ignorait ; son noble nom, si connu pourtant, n’éveillait aucune inquiétude ; il est vrai qu’il l’avait quelque peu maquillé ; les gens du quartier l’appelaient M. d’Aunay. Et l’on comprend quels services pouvait rendre à Georges ce ci-devant qui, ataviquement, était en relations avec toute la noblesse de France et connaissait « les tenants et les aboutissants » des moindres hobereaux du royaume, dont ses pères avaient jugé les « preuves » et compulsé la généalogie. On ne peut expliquer autrement la merveilleuse réussite