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tous ceux auxquels il destinait un rôle et qu’il apaiserait leurs rivalités et leurs convoitises. Quoi qu’on pense du but poursuivi et des moyens employés, il faut reconnaître que sa part, en ce complot gigantesque, témoigne d’une prudence, d’un génie d’organisation et d’une sagacité très remarquables. Sans quitter Londres où il habitait, sous le nom de Legros, New Bond str. n° 6, il prévit toutes les difficultés de l’entreprise et s’appliqua méthodiquement à les tourner. Lorsqu’il fut établi que Pichegru, pressenti, consentait à le suivre en France, que le Comte d’Artois promettait, cette fois, sa présence, Georges décida qu’il prendrait les devants avec quelques-uns de ses hommes, afin d’assurer la sécurité de ses complices. Pichegru viendrait plus tard, quand tout serait prêt ; un troisième convoi se composerait des gentilshommes attachés à la personne du Comte d’Artois et le prince lui-même quitterait l’Angleterre seulement lorsqu’il aurait reçu d’eux l’assurance que ni sa loyauté, ni sa dignité ne risquaient d’être compromises dans quelque attentat déshonorant. On allait donc agir entre Français : on ne demandait à l’Angleterre qu’une avance d’argent et un navire pour transporter les conjurés à la côte normande.

Il faut croire que, bien avant la mise à exécution du « coup essentiel », Georges travailla longuement à sa préparation, car l’aventure exigeait